jeudi 28 mars 2024

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Un pays à feu et à sang

Des violences ont éclaté au Kenya, le 30 décembre, juste après l’annonce de la victoire aux élections du président Kibaki, soupçonné de fraude. Ces violences durent depuis une semaine et ont déjà fait 400 morts. La communauté internationale a envoyé des représentants pour sortir le pays de la crise.

Les Kenyans ont voté le 27 décembre pour élire leur nouveau président. Mwaï Kibaki, le président sortant, se présentait pour un second et dernier mandat. Son principal rival est le chef de l’opposition Raila Odinga. Raila Odinga se présente comme le candidat des plus démunis.  Mais c’est Kibaki qui a gagné. L’opposition l’accuse d’avoir triché. Elle réclame de nouvelles élections dans trois mois.
Juste avant l’annonce des résultats par la commission électorale, Raila Odinga avait donné une conférence de presse dans les locaux de son parti, le ECK. Il a accusé le président Kibaki d’avoir fraudé: «Nous avons les preuves qui confirment que les chiffres que la commission électorale kényane s’apprête à annoncer sont faux», a déclaré Raila Odinga en précisant, «le résultat du président Kibaki a été gonflé d’au moins 300 000 voix». Selon les résultats complets de la commission, la différence entre les deux candidats serait de 231 728 voix. Le dépouillement des résultats a été long. Il a duré trois jours. Les opposants soupçonnent la fraude. En effet, Raila Odinga était en tête des sondages. De plus, selon les premiers résultats partiels, Odinga était gagnant. Deux jours après l’élection, selon les résultats partiels, il n’avait plus que 38 000 voix d’avance sur son adversaire ! Et quand les résultats complets ont été annoncés le lendemain, Raila Odinga était battu.

Dès lors, des émeutes ont éclaté à travers le pays, notamment dans les quartiers défavorisés et dans l’ouest du pays. C’est là qu’Odinga a le plus de partisans.

Les émeutes ont rapidement tourné en bain de sang entre les ethnies dont les deux candidats sont originaires. Le bilan de ces violences est très lourd. On parle de plus de 400 morts, de  blessés. Et selon le comité international de la Croix-rouge, 250 000 personnes ont été déplacées.

Pourquoi une telle violence ? D’une part, parce que dans les systèmes judiciaires du continent africain, il est difficile de contester un vote surtout quand on attaque le pouvoir en place. Il n’y a donc pas d’autre manière de se faire entendre que de descendre dans la rue. D’autre part, au Kenya, les élections réveillent souvent les tensions entre ethnies. Certains politiciens peu scrupuleux n’hésitent pas à utiliser ces tensions entre peuples quand c’est dans leur intérêt.

Après les élections de 1992 et celles de 1997, il y avait déjà eu des affrontements meurtriers au Kenya. Ces affrontements avaient fait 1200 morts en  1992 et 300 morts en 1997. La démocratie est décidément bien difficile en Afrique.

Nicolas Simon

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